Quelques archers de l’ACAIV étaient invités en Camargue par Yan... Le beau temps est au rendez-vous, le mistral est tombé. Premier affût du soir. Je fais une approche vers un renard qui mulotte, il est rejoint par un deuxième puis un troisième jusqu'à la nuit noire. Ils resteront pour se nourrir devant moi. En réserve naturelle, on ne tire pas le renard...
Le lendemain nous enchainons trois traques... Elles seront infructueuses malgré le travail de nos cursinus habitués aux lieux de remise des sangliers. Yan décide de refaire un affût dans les marais le soir... En se rendant sur place en silence, on aperçoit trois animaux déjà sortis. Yan nous place à bonne distance en cercle, je suis en bout de ligne. Ça grogne dans les roseaux ! Je localise six ou sept animaux différents, ils se répondent en "grognes" que les sangliers comprennent... La nuit tombe, une première laie, puis une seconde et enfin des bêtes rousses sortent des roseaux. Cette compagnie décide de tracer son chemin tout droit vers moi. Emotion ! En trois années de chasse à l'arc, je n'ai jamais eu d'occasions de tirer sur des sangliers. La pression monte, j'en suis sûr, ces animaux vont m'arriver à bonne distance de flèche.
J'avais pris la précaution de garder un « rideau de roseaux » à dix mètres devant moi. Sitôt qu'ils passeraient ce « rideau », je pourrai tirer. L'émotion est au maximum, ils sont à quinze mètres et je me dis "hoonondedieu" sauf que ce mot sort de ma bouche tout bas et la laie meneuse m'a entendu et stoppe ! Tout le monde s' arrête net derrière le « rideau ». La compagnie continue sa vie une minute derrière les roseaux et s'en va vers Gilles qui allume son encoche lumineuse avant de tirer ? Peut être pour mieux les voir. Nous rentrons au gîte et je suis charrié par tout le monde (Bisous Grogégé !), au nom des Bretons qui n'osent pas tirer à quinze mètres parce qu'il y a un « rideau » de roseaux !
Le lendemain, changement de territoire : deux traques, un sanglier levé. Je n’ai pas tiré. Deuxième et dernière zone de marais et roselière, je suis placé sur un chemin entre deux marais, la coulée est là... Très vite j'entends courir dans l'eau un sanglier, je me fais petit - à genoux - sur les conseils de Yan. Je regarde dans la direction du bruit et il se rapproche clairement. Le sanglier est à cinq mètres de la coulée. Arrêté, il me regarde mais en fait, écoute les chiens derrière lui ... Il avance vers moi, à quatre mètres, et bondit vers sa gauche. J'arme et je tire ce bel animal qui prend la flèche de trois quart arrière droit. Il traverse le chemin en biais et saute dans la roselière sur trente mètres et plus rien. Les chiens le rejoignent et sont aux abois, Ludo arrive pour le servir mais pas la peine. Cette laie de 79 kg est bien morte. La flèche lui a fendu le cœur.
Fini les moqueries de Grogégė ! Cette fois ci j'ai tiré ! Et voilà... C'est ça la chasse à l'arc... L'ÉMOTION !
Merci Yan pour ton invitation, merci la Camargue et merci Saint-Hubert.
Flo35, un archer comblé