Voici un article paru dans le dernier CHARC. Vous reconnaîtrez peut-être les animaux présentés !
Il chasse le furet !
Voilà une chasses traditionnelle qui se révèle animée et ludique quand elle est pratiquée à l’arc. Ses amateurs et ses pratiquants se montrent acharnés. Et si vous, à votre tour, vous vous lanciez dans l’élevage de cet animal pour mieux arpenter les garennes?
Commençons par quelques précisions d’ordre général. Le furet… dit Mustela putorius furo est un membre de la famille des mustélidés, du genre mustela qui comporte la belette, l’hermine et le vison. En fait, il ne vit qu’à l’état domestique et ce, depuis l’Antiquité. On pense que la domestication du furet remonte loin car les légions romaines l’utilisaient déjà semble-t-il pour chasser le lapin et améliorer l’ordinaire ! Il n’existe donc pas à l’état sauvage et certains pensent qu’il serait un descendant de la belette ou d’autres du putois. On rencontre deux grands types de furets : l’albinos, donc dépigmenté, blanc avec les yeux rouges et le putoisé de couleur noire, avec des tâches noires ou plus souvent crème qui serait apparu au dix-neuvième siècle. Pour la chasse, toutes ces variétés se valent.
Ou trouve-t-on des furets aujourd’hui ? On peut en acheter dans les animaleries, exempts de puces et vaccinés mais souvent proposés à des tarifs élevés. On peut aussi s’en procurer auprès d’autres chasseurs contre une somme dix fois plus basse. « Dans le coin, nous sommes cinq, six et quand on a des naissances on les donne aux uns et aux autres systématiquement. Cela évite ainsi la consanguinité. » précise Maxime Brunet, président de l’ACAIV et qui possède des furets depuis quatre ans.
L’éducation et son entretien
Le furet s’éduque. Au départ, ils mordillent tous comme le ferait un chiot ou un chaton. Il faut donc l’en dissuader. « Quand ils mordent trop fort - et ça pince bien ! - on doit le saisir par le cou jusqu’au moment où il baille. C’est un signe de soumission alors on peut le ’’ jeter’’ un peu plus loin de quelques centimètres, comme le ferait sa mère. » Pour certains mâles qui peuvent peser jusqu’à deux kilos, il peut être nécessaire d’épointer l’extrémité des canines. Pour bien éduquer son futur auxiliaire de chasse, le manipuler tous les jours est un atout et le port du gant n’est pas préconisé afin qu’il s’habitue à l’odeur de son propriétaire. On pourra ainsi mettre la main dans un trou de garenne sans crainte de se faire mordre. Si la plupart des furets se laisse sociabiliser sans problème certains font de la résistance mais l’animal manipulé régulièrement devient en principe très sociable. L’ennemi du furet, c’est la tique qui peut le conduire à la mort. Un des trucs employé par les anciens, par Maxime et nombre de possesseurs de furets, c’est de pulvériser grâce à un spray une très petite quantité de fuel sur l’animal. Ainsi que sur les parois des clapiers une fois par semaine ce qui en plus de le désinfecter, annulera l’odeur de l’animal qui est parfois un peu forte surtout chez les mâles !
Quel est son régime alimentaire ? Il faut éviter la viande rouge, surtout crue… cela peut leur rendre leur agressivité alors beaucoup d’éleveurs se rabattent sur les croquettes pour chien ou pour chat. Elles sont idéales et l’animal adore ça. « Prenez des croquettes sans poisson car le furet a besoin de beaucoup d’eau et celles-ci provoque une déshydratation. Je leur donne un œuf par semaine, cela favorise un poil plus beau. On peut aussi leur apporter de la viande blanche mais cuite » rajoute Maxime. « A la fin de la chasse, pour le récompenser et lui donner le goût du garenne, on peut lui offrir les oreilles de lapins à croquer ! »
L’animal a souvent des vers et mettre une fois par semaine, une goutte d’eau de vinaigre blanc dans son eau permet de la désinfecter. L’animal est très joueur et peut s’amuser avec ses abreuvoirs et une pipette se montre plus pratique car même si l’animal est domestiqué, il reste très juvénile ! Et c’est un avantage, il peut rapidement devenir un compagnon de jeu notamment avec les enfants. « C’est un animal vraiment très sociable. »
Les chaleurs commencent en mars et si la femelle ne s’accouple pas elle subit une aplasie médullaire, une altération de la moelle osseuse qui va l’affaiblir de jour en jour jusqu’à la mort parfois. Les anciens disaient qu’une plaque d’ardoise dans le clapier stoppait ce phénomène… A voir ! L’accouplement est très violent – le mâle mord et trimballe la femelle dans tous les sens et cela peut durer trois bonnes heures !
La chasse au furet
La chasse se fait selon l’ouverture de la chasse ou sur décision préfectorale pour certains départements. « En général, on chasse plutôt avec le chien en début de saison quand il fait encore beau et ensuite dans les garennes avec le furet en fin de saison. » L’intérêt de cette chasse porte sur la complicité avec un animal, autre que le chien. C’est une activité dynamique, rapide, avec des sorties inattendues. A peine le temps de voir le lapin qu’il est déjà rentré dans une autre galerie ! Cette technique de chasse nécessite une attention soutenue pour éviter les accidents parfois dus à la montée d’adrénaline. A l’arc, il faut se placer de façon rapprochée, tirer sur des distances courtes et éviter les ricoches toujours possibles… Tirer le lapin au blunt est peut-être moins accidentogène que la lame et le port du gilet orange semble indispensable. Les arcs du type longbow ou chasse sont les mieux adaptés pour cet exercice, et puis surtout, il faut s’armer de patience - parfois plus d’un quart d’heure - pour que le lapin sorte de sa garenne en trombe. C’est l’ambiguïté de cette chasse : self contrôle et rapidité !
Le furet peut parfois rester ‘’dormir ‘’ dans la garenne il faut alors donner un petit coup de pibole ou lancer une petite mèche de souffre ou bien encore, lui laisser la boite près de l’entrée et prendre son mal en patience. L’animal aime retrouver les odeurs qu’il connait et revient donc facilement dans sa boite dans laquelle il s’endort volontiers. Si quelques heures plus tard, il n’est pas retrouvé, il risque de disparaitre pour toujours…
Pour sa première chasse, il n’y a pas d’entrainement spécifique. Quand on le lâche dans une garenne, le furet voit très bien dans le noir. Il cherche donc naturellement à rentrer dans le trou. En l’emmenant avec des congénères plus âgés, il comprend vite ce qu’il doit faire, il se prend rapidement au jeu même si souvent la première année n’est pas d’un bon rendement. Il faut aussi le mettre dans une garenne pas trop touffue car il peut avoir peur et se cacher ou continuer à jouer. Un furet plus âgé revient lui, naturellement dans sa boite.
Mâle ou femelle pour la chasse ? Peu importe. Pendant longtemps les albinos ont été préférés parce qu’on les repère plus facilement. Parfois, le furet peut tomber sur un renard ou un putois et le faire sortir ! Un mâle s’en sortira mieux alors ! Je vous le disais cette chasse est plutôt parfois surprenante ! Finalement, élever et se lancer dans la chasse avec un furet n’est pas sorcier, ce qui peut être le plus compliqué c’est de convaincre son épouse d’accueillir ce nouvel animal au sein du foyer !