Ma plus belle chasse ?
En tant que chef d’orchestre des chasses du chevreuil à B. je pourrais vous parler d’un des premiers chevreuils fléchés par un des membres de l’ACAIV en 2010. La chasse ne dura pas plus de dix minutes quand Charles sonna la mort d’un chevrillard. Nos chiens, deux Epagneuls bretons, n’avaient même pas eu le temps de rentrer au bois pour traquer. Quelle joie ce jour là ! Ou bien du jour où Yann, notre plus jeune archer, préleva une chevrette dans les plantations de Ville-Neuve. De belles journées pleines d’émotions.
Mais pour moi ma plus belle journée de chasse remonte à une quinzaine d’années environ et reste une journée de chasse au lapin. Une belle journée, sous le soleil automnal de la Côte d’Emeraude entre champs de choux, bosquets, talus et grands ronciers. Une sortie de chasse au lapin comme je n’en n’ai plus vu tellement le lapin est rare aujourd’hui, et comme j’en rêve encore.
Nous étions réunis à quelques archers à l’invitation de Pascal. Il nous attendait accompagné d’Hubert et Paul, entourés de quelques Bassets fauve de Bretagne.
Sur une des traques, j’étais posté à l’angle d’un bosquet, ceint par un talus et un fossé, où plusieurs lapins furent levés. Très vite j’entendais une course folle sur les feuilles mortes, dans le fond du fossé, venir vers moi. Mais je n’avais aucune visibilité sur ce qui arrivait. D’un coup, une boule de poils éclairée par le soleil, surgit du fossé à quelques mètres et m’arriva droit dessus à la vitesse d’un cheval au galop (petit clin d’œil aux marées de la Baie du Mont-Saint-Michel car nous n’en étions pas loin). Tout en mouvement, elle comme moi, je décochais ma flèche de cèdre qui vînt la cueillir dans sa course effrénée à peut être quatre mètres de moi. Le lapin boula puis resta là, sans vie. Quelle action de chasse formidable ; le bruit de l’animal qu’on ne voit pas et qui surgit d’un coup à la vitesse de l’éclair, suivi d’un tir tellement instinctif, j’irais presque à dire un tir sorti du fond des âges. Comme disent les nord-américains, avec un arc, tout gibier est un grand gibier !* Et cette action le prouve encore tellement l’intensité du moment est forte. Malgré cette joie partagée avec les amis, j’en restais pantois tellement surpris par l’action et ma réaction.
Ce qui me reste en mémoire de ce moment formidable ce sont cette belle journée d’automne, ce joli coin de Bretagne, et surtout cette convivialité et ce bonheur d’être ensemble à la chasse. Ce qui est aussi formidable dans notre passion, c’est que quelque soit celui qui prélève, on est content pour lui.
Erwan
*With a bow, every game is a big game