Crack crack CRACKKKK !

9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 16:24

Un récit de Pascal intitulé : Noël en légère avance !

Bonjour à toutes et tous, un petit récit du 21 décembre...

Tout d abord, je me dois de remercier ma famille d accueil de La Bardoulais, pour sa confiance sans faille depuis toutes ces années dans notre mode de chasse si particulier. Je remercie également mes pauvres amis qui me côtoient au quotidien Gilles et Michel, également Tonton Hub pour sa disponibilité et son engagement pour nous depuis 2004. Ceci étant dit et c’est important à mes yeux... voici l'affût du 21.

Depuis le premier juin, je n ai jamais autant vu ou entendu de sangliers, par dizaine, huitaine, en couple ou alors des gros mâles solitaires qui apprécient la quiétude des lieux. Ne pénétrant jamais dans les plantations, nous n'empruntons que les chemins ou les coupe-feux pour rejoindre nos postes. Nous ne profitons que des déplacements des animaux pour espérer tirer, l'approche est réservée principalement au tir d'été. L'unique dérangement se fait pendant la chasse traditionnelle du lièvre avec l’ACAIV.

Je ne vais pas raconter toutes mes rencontres, ni ma flèche toute neuve qui a fait du bruit sur le tapis d'arc, ce serait trop long a raconter, car des émotions et des déceptions il y en eu depuis deux années à la quête du sanglier, rien de bien grave pour l' espèce convoitée mais pour le chasseur son moral était au plus bas. Bon, je n'ai pas à me plaindre, je sors au moins trois fois par semaine !!!

Revenons à nos sangliers en question… Mardi 21 décembre. Je suis en plein repos depuis une dizaine de jours, j ai retrouvé un entraînement assidu et une précision suffisante pour chasser. Depuis fin août, une tendinite aiguë au coude gauche m’empêche de tirer à l'arc. Mon moral est au fond du puits, le temps passe, la saison aussi. Forcément, c est a ce moment précis que je vois ou entend les sus scrofa à côté de moi...

Autour du 10 décembre, en passant en voiture pas loin de La Bardoulais, j'aperçois une masse qui arrive sur la route, je freine en urgence et, passe au pas devant la voiture, un très beau sanglier d'une centaine de kilos. Il n’est nullement inquiet, il s arrête sur le fossé à quatre mètres de la voiture. J’aurai du filmer la scène mais je suis resté hypnotisé par l'animal. Puissant et armé, court mais haut avec de larges épaules, un vrai guerrier. Au moment de redémarrer pour me rendre au travail pour 5 H00, cet hirsute se retourne et tente de charger la voiture. Incroyable mais pourtant vrai ! J'ai pu admirer ce sanglier de très près et avec les phares de la voiture bien identifier ce solitaire.

Je reprends... Je suis donc perché à quatre mètres. Le temps est sec et froid, il fait à 17 H00 moins deux degrés. Bien couvert de quatre polaires et équipé d une salopette canadienne, je suis

bien à écouter, humer, prêter attention aux merles et au geais qui piaillent ........tiens cela est de bonne augure. Les minutes passent vite, le jour décline, les chouettes hulottes commencent leurs concerts, j adore !

Je commence a me dire que comme d habitude ce sera " Broucouille", je commence à ranger ma flèche au carquois, soudain un gros" CRACK " dans le bois à une cinquantaine de mètres de moi. Nul doute est permis, c est sûrement un sanglier. Je me prépare à nouveau, je ne vois rien, devant moi un mur de ronces.

Crack , crack , crack ! L'animal se déplace dans le bois, avance au pas, le bruit dans les feuilles gelées est impressionnant. Je sens que l' animal s' éloigne, puis le silence total ! Je pense qu'il est reparti ayant senti ma présence, comme très souvent. Puis tout s'accélère, le sanglier suit son cheminement et file directement par où je suis arrivé. Je suis déconfit car maintenant il va contrôler ma présence, j'enrage, je peste, je fulmine ............

Contre toute attente, celui-ci prend mon pied et remonte tout doucement vers mon tree stand, il arrive maintenant de face à vingt mètres. Je pense que c est encore fichu car il sait forcément que je suis là.

NON ! Il avance mètre par mètre, le groin touchant le sol, un vrai chien de pied, je suis émerveillé par tant de prudence et de calme de la part de ce gros sanglier et je me dis que maintenant de face, celui que j'ai reconnu, je ne le tirerai pas ! Continuant sa recherche, sa tête se met à tourner pour bien sentir ma trace, léger trois quart avant. En ayant beaucoup entendu en Camargue ce tir extrêmement efficace grâce à Yann, je commence à me dire que je vais pouvoir tirer. Hyper entraîné depuis un mois, je suis sûr de placer ma flèche. Je distingue parfaitement le cou, j’arme tranquillement les 57 # de l' AIMARA et au dernier moment ajuste un peu plus bas mon regard .

Un tir calme et serein, pas de tremblement, une respiration lente et mesurée, une décoche fluide et instinctive, le trait rouge de l'encoche lumineuse trace une trajectoire parfaite. Jamais, je pense, ne m'être autant appliqué. A 12 mètres de moi, entre les bouleaux mon sanglier crie, un cri sourd et puissant me conforte dans mon tir. Mon sanglier démarre en trombe, file tout droit dans le bois la flèche entrée dans son cou de cinquante centimètres, encoche allumée elle tape dans les arbres, baliveaux.

J’attends cinq minutes, rejoins ma voiture en contournant la direction de fuite de mon gros noiraud et en ouvrant la porte de la voiture crie à l'intérieur : Oh la vache, ca fait du bien !! Je n'ai aucun doute sur sa mort rapide, j'appelle ma chère et tendre épouse qui supporte mes sorties pour lui annoncer le tir et la recherche à la frontale. Je coupe sur la sortie présumée du sanglier vers un champ de luzerne en m’imposant qu'au moindre bruit je cours ! Arrivé sur le passage, je retrouve ma flèche plantée droite, encoche allumée, éjectée du cou. Une énorme flaque de sang de la taille d'une assiette est à côté, le fossé plein d'eau est teinté de rouge. Waouh, la Simmons Shark de 44 mm a fait du bon travail ! J'estime la distance au tir à quatre-vingt mètres, donc il n'est plus très loin. J'avance mètre par mètre en éclairant tout autour de moi, je remonte la piste impressionnante de sang.

Je refais 10 mètres et trouve une couche, l'herbe est roulée et maculée. En faisant un tour sur moi-même, sans bruit, j'aperçois une masse noire couchée le long d une haie. La frontale me donne

le sens de l'animal, je distingue l'œil et me dis qu'au moindre signe de vie je prend la tangente comme un coureur du 100 mètres. La distance diminue, le stress aussi car à cinq mètres je vois enfin qu’il est raide mort ........YES !

Cela fait 30 minutes que j ai tiré, que j ai eu mes amis proches, que j ai partagé en temps réel avec Gillou ma recherche, maintenant le plus dur commence mais avec l'aide de Michel, de tonton Hub, sortir ce sanglier sera une partie de plaisir, la soirée va se terminer à minuit !!