Gilles, quelle est ta plus belle chasse ?
J’en ai une qui me revient... mêmes si elles sont toutes intéressantes car on rencontre de nouvelles personnes ou on a le plaisir de revoir les autres, mais celle-ci je la trouve mémorable, c’est la fermeture du 28 février 2020. J’étais accompagné d’amis chers, dont un qui nous a quittés et c’est donc un moment partagé avec lui. J’étais avec Hervé et Pascal et on faisait la fermeture au bois et il me restait deux bracelets chevreuils.
Nous étions perchés tous les trois dans des treestands et on s’envoyait des messages pour savoir au fur et à mesure qui avait vu quoi. Il faisait encore jour et je regardais une chevrette à découvert. Moi j’étais en sous-bois et je l’ai observée durant cinq minutes. Tout d’un coup, elle s’est mise à fuir. Je me suis dit qu’elle avait senti ma présence mais pas du tout, c’était trois sangliers qui marchaient à la queue le leu et qui se sont arrêtés devant moi à dix, quinze mètres... La première était une laie de quatre-vingt-dix kg, la seconde faisait soixante-dix et il y avait un dernier de cinquante. La première laie s’est arrêtée avant de passer à découvert, les suivants aussi. Je me suis focalisé sur la deuxième, la première me paraissait trop grosse et c’était la meneuse. Ma flèche est partie vers la deuxième mais elle n’a pas bougé ! Là je me suis dit que je l’avais loupée, j’ai tenté de prendre une seconde flèche et il s’est passé près de trente secondes avant qu’ils ne repartent au petit trot. En fait, la flèche l’avait presque traversé n’ayant touché aucun os. Alors qu’ils s’éloignaient le long d’un champ, j’ai vu que la deuxième laie portait ma flèche presque sortie à quatre vingt dix pour cent. J’ai donc prélevé ce sanglier de soixante-dix kilos le dernier jour de chasse, quasiment à la dernière minute de la fermeture !
A partir de là, j’ai prévenu mes collègues, je leur ai dit qu’en guise de chevreuil j’avais tiré un sanglier ! Bien sûr, personne ne m’a cru ! C’est vrai que ce n’est pas monnaie courante ! Une recherche s’est enquillée par la suite, sans fusil, jusqu’à la tombée de la nuit. Pascal avait amené une de ses chiennes qui suit le sang mais au bout de trois quarts d’heure on a décidé d’arrêter. On avait fait quatre cents mètres et il faisait maintenant nuit noire...
Le lendemain, Hervé s’est chargé de la recherche avec un autre conducteur. Moi, j’avais un rendez-vous de travail à Paris, j’avais l’âme en berne dans le train. Une recherche après quatre cents mètres cela me semblait compliqué... Sur le parvis de la gare Montparnasse, j’ai reçu une photo d’Hervé sur le sanglier qu’ils avaient retrouvé. Il était couché à dix mètres de l’endroit où on avait arrêté la recherche. Le conducteur avait fait une heure et demi de route, s’était harnaché, avait commencé sa recherche et ils avaient fait dix mètres avant de le retrouver dans un buisson ! Voilà, c’est un récit plein d’imprévus mais c’est ça souvent la chasse...
J’avais un recurve Aïmara de Chiffoleau de 56 livres, des flèches en micro fut et une lame Eclipse en 145 grains, avec l’adaptateur et un insert cela fait 350 grains en tête.